Selon le dernier Global Wealth Report du Credit Suisse, dévoilé en août dernier, les Belges sont les personnes les plus riches du monde… Cette analyse est basée sur la richesse médiane des ménages belges, qui selon leurs sources atteignait 249 940 USD en 2022.
Cela explique pourquoi de nombreuses banques étrangères souhaitent s’implanter géographiquement en Belgique ou renforcer leur présence locale.
De manière encore plus frappante, les actifs financiers des ménages belges ont atteint 1.500,8[1] milliards d’euros à la fin du premier trimestre 2023, soit une croissance de 23,5 milliards d’euros par rapport à la fin 2022.
Cette croissance est due à la bonne performance des marchés financiers au cours du 1er trimestre. L’année 2023 a commencé sur une note positive. Des données économiques supérieures aux attentes, la réouverture de l’économie chinoise après une politique pandémique stricte et l’anticipation de la fin prochaine de la stratégie hawkish de hausse des taux d’intérêt de la Réserve fédérale américaine (Fed) ont donné un élan considérable aux marchés boursiers.
Au cours du premier trimestre, les Belges ont renforcé leurs positions en dépôts à terme (+5 mrds d’EUR) et en titres de créance (+3,9 mrds d’EUR). Les comptes à vue (-8 milliards d’euros), l’épargne réglementée (-200 millions d’euros) et les produits d’assurance (-100 millions d’euros) ont diminué.
Cette évolution était prévisible compte tenu du niveau des taux d’intérêt à court terme et du caractère défensif des investisseurs belges.
S’agit-il d’un renversement de tendance par rapport à ces dernières années ?
Oui, très clairement. Pendant la période des taux d’intérêt bas ou négatifs, l’adage bien connu TINA (There Is No Alternative) a dopé les investissements sur les marchés d’actions. Or, depuis plus d’un an, les marchés obligataires se redressent. La hausse spectaculaire des taux d’intérêt à court terme a porté les rendements à de nouveaux sommets.
Ce nouveau paradigme a eu un effet direct sur les flux de capitaux et l’offre d’investissement.
Les Belges sont-ils toujours enclins à investir dans des fonds communs de placement ?
Avec plus de 195,4 milliards d’euros d’actifs[2] sous gestion détenus par des OPCVM à la fin du deuxième trimestre 2023, les chiffres confirment l’attrait des Belges pour les fonds communs de placement.
Toutefois, plusieurs tendances se dégagent entre fin 2022 et fin juin 2023 :
- La première concerne les flux entrants et sortants. Les actifs sous gestion ont augmenté de 5,9 %. En regardant de plus près les chiffres, on s’aperçoit que cette augmentation est liée à la dérive des marchés. Sur la période, les rachats ont été supérieurs aux souscriptions, portant les flux nets à -937 millions d’euros.
- Le second est le verdissement de la gamme de produits. Aujourd’hui, 72,1 % des actifs détenus dans les OPCVM sont classés Article 8 (fonds promouvant les aspects ESG). 1,2 % des actifs des fonds communs de placement sont classés Article 9 (fonds avec un objectif durable) et 26,8 % des actifs des fonds communs de placement ne promeuvent pas de critères durables dans le cadre de leur stratégie d’investissement.
- Les fonds de pension continuent de gagner du terrain auprès des investisseurs particuliers. Les flux nets sur la période montrent une croissance de 549 millions d’euros.
- Enfin, les taux d’intérêt élevés ont également stimulé les ventes d’obligations structurées[3].
[1] Sources : BNB
[2] Sources : FSMA
[3] Source : FSMA FSMA : Un titre de créance structuré est un produit financier complexe à durée prédéfinie qui offre un rendement lié, selon une formule plus ou moins complexe, à l’évolution d’un actif sous-jacent, tel qu’un indice boursier ou un taux d’intérêt. La majorité des titres de créance structurés commercialisés en Belgique offrent le droit au remboursement du principal (hors frais d’entrée) à l’échéance.
Un article de Nicolas FORTOMARIS, Senior Manager Investments chez DynaFin Consulting.