Le développement durable, le Green Deal européen et son impact sur l’investissement
De nos jours, tout tourne autour de la durabilité et d’une vie respectueuse de l’environnement : nous conduisons des voitures électriques, nous portons des vêtements durables, nous mangeons des aliments biologiques, … Mais qu’en est-il de notre argent ? Notre argent est-il aussi vert, durable ou respectueux de l’environnement que notre voiture, nos vêtements et notre cuisine ?
Comment le Green Deal européen s’inscrit-il dans ce contexte ?
Le Green Deal est la réponse de l’UE à la crise climatique actuelle. Grâce à cette feuille de route (propositions visant à limiter le réchauffement de la planète et à garantir une réduction substantielle des émissions de carbone), l’Europe s’efforce de devenir le premier continent neutre sur le plan climatique d’ici à 2050.
Comment le Green Deal va-t-il stimuler la finance durable ?
Le Green Deal européen met l’accent sur la nécessité d’orienter les flux financiers et de capitaux vers des investissements plus écologiques. Le plan d’investissement pour une Europe durable (le plan de financement du Green Deal) a annoncé la mise en place d’une norme européenne pour les obligations vertes (EUGBS). Ces obligations vertes jouent un rôle important dans le financement des actifs nécessaires à la transition vers une économie à faible émission de carbone. La nouvelle norme devrait encourager les acteurs du marché à émettre et à investir dans les obligations vertes de l’UE et améliorer l’efficacité, la transparence, la comparabilité et la crédibilité du marché « vert ».
Les obligations vertes ?
La différence entre les obligations ordinaires et les obligations vertes réside dans le fait que l’émetteur d’une obligation verte s’engage à consacrer l’argent collecté à des projets bénéfiques pour l’environnement (énergies renouvelables, solutions d’efficacité énergétique, véhicules durables, etc.) L’émetteur annoncera publiquement les projets dans lesquels la société investit. Il s’agit d’une situation gagnant-gagnant : les investisseurs savent que leur investissement apporte une contribution positive à l’environnement et ont l’assurance que l’entreprise dans laquelle ils investissent prend le changement climatique au sérieux. L’émetteur peut montrer aux investisseurs ce qui est fait pour lutter contre le changement climatique, ce qui pourrait renforcer sa réputation. Cela pourrait nous conduire à une économie plus durable et plus respectueuse du climat.
Les obligations vertes diffèrent également des obligations liées à la durabilité dans le sens où ces dernières sont liées aux performances environnementales globales d’une entreprise. Elles sont assorties d’objectifs spécifiques (KPI) liés aux fonds levés par l’entreprise. Si les ICP sont atteints, les intérêts sur la dette seront moins élevés. C’est une excellente incitation pour les entreprises à se mettre au vert.
Ces obligations sont-elles réellement vertes ? Qu’en est-il de l’écoblanchiment ?
Il existe en effet de nombreuses définitions différentes de ce qui est « vert ». Une entreprise peut faire une déclaration de durabilité sans preuve ou exagérer ses effets positifs sur l’environnement. La croissance rapide des émissions d’obligations vertes a accru la demande de normalisation pour prévenir ou arrêter l’écoblanchiment. C’est le cas de la norme EUGBS mentionnée ci-dessus. La norme contient un ensemble de règles que l’émetteur doit suivre pour obtenir le label d’obligation verte de l’UE. La règle la plus importante est d’allouer les fonds levés à des projets alignés sur la taxonomie de l’UE (liste d’activités économiques considérées comme vertes ou durables). Les obligations portant le label d’obligations vertes de l’UE sont contrôlées par un réviseur externe supervisé et enregistré auprès de l’AEMF (Autorité européenne des marchés financiers). Il s’agit d’un label volontaire, de sorte que tout émetteur d’obligations peut émettre des obligations vertes et obtenir le label EUGBS à condition de respecter les règles de l’UE.
Le Conseil européen a adopté le règlement sur les obligations vertes de l’UE le 23 octobre 2023 et il devrait entrer en vigueur à la fin de l’année 2024 après sa publication au Journal officiel de l’UE.
Les obligations vertes sont donc un moyen efficace pour les investisseurs privés et institutionnels de soutenir la transition vers une économie climatiquement neutre. Ces produits gagnent clairement en popularité et ouvrent la voie à un avenir plus vert pour la finance. Malgré une année 2022 agitée sur les marchés financiers, les émissions d’obligations vertes en Europe ont augmenté de 10 %.
Aujourd’hui, l’Europe occupe une position de leader dans le domaine de la finance durable. Pour maintenir cette position, l’UE a besoin d’outils spécifiques tels que l’EUGBS pour guider les investisseurs obligataires vers des investissements verts de haute qualité. En investissant dans ces produits, chacun d’entre nous peut contribuer à une économie durable, neutre sur le plan climatique et respectueuse de l’environnement et, si tout se passe bien, gagner de l’argent « vert ».
Un article rédigé par Evy Slaets – Manager chez DynaFin.